A l'occasion du tapage médiatique autour du 150è anniversaire de la "commune de Paris " si l'on se penchait sur "la commune d'Alger", moins célèbre que la première mais qui la précéda ? Jusqu’à peu, on voyait dans le phénomène de " la commune " l’expression de la lutte des classes. Destruction de la colonne Vendôme par les communards Aujourd’hui on verse plus volontiers pour la "souveraineté des peuples et des territoires". L’ouvrage de Quentin Deluermoz Communes, 1870-1871, une traversée des mondes au XIXe siècle », sorti fin 2020, s’inscrit dans ce courant. Son objectif est de démontrer l’influence de cet événement sur les trajectoires révolutionnaires mondiales. C’est ce qui a amené ces temps-ci une certaine presse à s’intéresser quelque peu à "La commune d’Alger" pour rechercher des liens ou non avec celle de Paris, et surtout pour analyser la place qu’y a occupée la population indigène d’Algérie. La "commune d’Alger" avant celle de Paris ! Ce qu’on a appelé "la commune d’Alger" naît à la suite de l’effondrement du Second Empire et de l’avènement de la République le 4 septembre 1870. Le gouvernement de Défense nationale poursuit la guerre contre les Prussiens. Mais les défaites militaires successives le conduisent à conclure un armistice en janvier 1871. Si la "commune de Paris " est déclarée le 28 mars par la garde nationale fédérée en mal de défaite, celle d’Alger lui est antérieure de 6 mois 4 Septembre 1870 En effet, dès le 4 septembre, l’Algérie et surtout sa capitale vont vivre une forte agitation, entendant régler par elles-mêmes les affaires de l'Algérie. Néanmoins, contrairement à l’insurrection de Paris, et malgré de violentes effervescences, "la commune d’Alger" ne fit aucune victime. La "commune d’Alger " bruyante et tumultueuse Cheikh El Mokrani La République est saluée avec allégresse dans la population européenne d’Algérie qui avait toujours manifesté de l’hostilité à Napoléon III et la volonté d’en finir avec le régime militaire. En revanche, la chute de l’Empereur et le discrédit jeté sur les militaires avaient ému et inquiété les Indigènes. Il en était de même du décret Crémieux de naturalisation collective des Juifs d'Algérie. Dans l'esprit des indigènes, ce décret les plaçait sous l'autorité de ces derniers, ce qu'ils ne pouvaient tolérer. Nous reviendrons sur le décret Crémieux. L’Algérie attendait beaucoup de la nouvelle République, avec sans doute trop d’impatience. D’où un extrême désordre lié à la crainte d’une restauration bonapartiste et militaire, qui s’exprima notamment par une épuration administrative. Alger et son bouillant maire républicain, Benoît VUILLERMOZ, pressait le gouvernement d’instituer un gouvernement général civil. Mais les initiatives gouvernementales déçurent. Aussi, suite à la capitulation, "La commune d’Alger" fut proclamée le 8 février 1871 tirant parti du désordre pour élargir ses pouvoirs. Mais bientôt, l’arrivée de l’amiral Gueydon, le 9 avril suivant, qui assurera l’ensemble des pouvoirs de chef de la colonie, marque la restauration de l’ordre à Alger. C’est qu’à cette date, 150 000 kabyles se soulevaient dans la partie orientale de l’Algérie jusqu’aux portes d’Alger sous la bannière du djihad. La "commune d’Alger" un contenu idéologique ? La "commune d’Alger" qui présente pourtant des similitudes avec la "commune de Paris" n’a cependant pas reçu le même écho que celle de Paris. Les historiens de l’Algérie en ont fait mention bien sûr, mais seul l’historien Claude Martin*, en 1936, y a consacré un ouvrage entier. Il est vrai que l’insurrection en Kabylie qui lui est contemporaine et dont on a imputé l’une des causes aux désordres d’Alger a pris le pas sur cet épisode communaliste algérois. Si quelques-uns n’y ont vu que des agitateurs, d'autres une "commune d'opérette" et d’autres un mouvement " coloniste" guidé par " l’appât des terres ", le fort républicanisme d’une grande partie de la population d’Algérie, alimenté par les déportés républicains de 1848 ou de 1851 et une presse radicale, ne peut être nié. Certains mêmes, comme Georges Bourgin, spécialiste de l’histoire sociale, veulent y voir une sorte "de proudhonisme colonial" caractérisé par un esprit d’indépendance vis-à -vis de l’Etat, libertaire mais attaché à la propriété à l’instar, d’ailleurs, des communards de Paris. Bref, une Algérie avide de libertés locales. En revanche, la population indigène semble rester invisible aux républicains algérois, ce qui, aux yeux de certains, limiterait leur prétention à un universalisme républicain, prétention accordée par les mêmes à la "commune de Paris" qui, pourtant, ignora aussi la question des indigènes ! "La commune d’Alger" sauve la République L’aspiration républicaine de l’Algérie, si elle peut être parfois perçue comme inconséquente, néanmoins ne peut être contestée La plupart des Français d’Algérie, impatients de s’affranchir du "régime du sabre" adhérèrent à la République avec enthousiasme. C’est à leur républicanisme que la France devra de ne pas changer de régime 5 ans plus tard se rappelle-t-on qu’en cette phase d’incertitude politique dans une chambre divisée entre monarchistes et bonapartistes, l’amendement Wallon le père de la République fut voté à une voix de majorité. Ce jour-là , les 6 députés algériens ont scellé l’avenir de la France et de sa colonie. » Pierre Goinard *La commune qu’il ne faut pas réduire à une municipalité évoque les franchises médiévales se libérant du joug seigneurial et le "pacte commun" cher au Contrat social de Rousseau. Hélène MARTIN BERTHET DOCUMENTS ANNEXES A L'ARTICLE - Le premier document annexe " Comité de défense" - Alger en date de 1870 fait état de quelques uns des télégrammes "vifs" échangés entre le gouvernement de Défense Nationale installé à Tours et le conseil municipal d'Alger et son maire Vuillermoz durant les mois d'octobre et novembre 1870. - Le second document annexe "L'Echo d'Oran" en date du 23 juillet 1870 annonce la déclaration de guerre avec la Prusse.
150eanniversaire de la commune de Paris, 1871-2021 avec l’association libre pensée de l’Ain. Proposé par. Mjc centre culturel Louise Michel. Depuis le début de l'année 2021, le 150e anniversaire de la Commune de Paris a été l'occasion de nombreuses commémorations populaires à Paris et dans tout le pays. Qu'est-ce quiLes communistes d’Aubervilliers ont organisé un hommage à la Commune de Paris à l’occasion du 150ème anniversaire de son déclenchement, le 18 mars 1871. C’est au coin de la rue de la Commune de Paris, face à la poste du centre-ville, que s’est déroulé cet hommage. Après avoir écouté la chanson de Jean Ferrat "La Commune" qu’il avait écrite en 1971 pour les cent ans de la Commune, c’est André Narritsens qui a lu l’intervention du Parti communiste, Aurélie Le Meur, secrétaire de section, Anthony Daguet et Soizig Nédélec, conseillers municipaux, n’ayant pas pu participer à ce rassemblement pour raisons professionnelles et sanitaires. Puis Albert Prigent, de l’Association des Amis de la Commune, a présenté celle-ci. Son site est ici Le rassemblement s’est terminé avec "Le Temps des Cerises" Intervention prononcée le 18 mars 2021 à l’occasion du rassemblement organisé par la section d’Aubervilliers du PCF Il y a 150 ans, le 18 mars 1871, le peuple parisien, entendant défendre Paris, refuse d’être désarmé et les femmes de la Butte s’opposent à l’enlèvement des canons installés à Montmartre. La troupe envoyée pour les récupérer met crosse en l’air. Les quartiers de l’Est et du Centre se soulèvent. Adolphe Thiers chef du gouvernement réactionnaire installé récemment dans la capitale pour, selon son expression, la pacifier » s’enfuit à Versailles. Le lendemain le Comité central de la garde nationale annonce la tenue d’élections pour créer le conseil de la Commune. Ainsi s’ouvre une période qui va durer 72 jours au cours de laquelle va se dérouler l’affrontement entre les tenants de l’ordre, vaincus par les Prussiens et qui bénéficient dorénavant de leur complicité contre le peuple de Paris, et ceux qui refusent la capitulation et aspirent à une autre société. Pour eux, l’instauration d’une Commune, c’est-à -dire d’une entité politique jouissant d’une pleine autonomie est indispensable. Dès le 6 janvier 1871 la création d’une Commune à Paris a été revendiquée. La Commune, dans la grande diversité de ses composantes, va, en effet poser la question d’une autre organisation de la société. Fin observateur et analyste de l’événement, Karl Marx écrit dans La guerre civile en France » que la Commune est l’antithèse directe de l’Empire » et que, si l’expression de République sociale » formulée lors la révolution de Février 1848 n’exprimait alors qu’une vague aspiration, la Commune entend non seulement abolir la forme monarchique de la domination de classe, mais la domination de classe elle-même » La confrontation sera d’évidence brutale et il est significatif que le premier décret de la Commune ait été consacré à la suppression de l’armée permanente et son remplacement par le peuple en armes. D’autres décrets suivirent qui concernaient les modes de fonctionnement politiques responsabilité et révocabilité des élus, La Commune ne devait en effet pas être un organisme parlementaire mais un corps agissant, exécutif et législatif à la fois. Parmi les mesures d’organisation sociales et politiques dont la Commune décida du principe et commença leur réalisation on citera la suppression du travail de nuit des ouvriers boulangers, la création d’une commission chargée d’organiser le transfert à des coopératives des ateliers abandonnés, une réorganisation complète de l’instruction publique primaire et professionnelle dégagée de l’emprise religieuse et cléricale, la gratuité affirmée de la fourniture de tous les instruments nécessaires au travail scolaire, la remise totale des loyers des trois derniers mois, l’abolition des officiers judiciaires notaires, huissiers, commissaires-priseurs, greffiers qui deviennent des fonctionnaires, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la suppression du budget des cultes. On notera aussi combien la Commune porte les revendications des femmes, envisage l’égalité salariale, bannit la prostitution, reconnaît l’union libre. Dans un contexte de lourdes menaces, de harcèlements constants des Versaillais et alors même que les conditions de vie demeurent extrêmement difficiles, la Commune réalise, en très peu de temps, une œuvre considérable. La bourgeoisie ne pardonnera pas son œuvre à la Commune. Elle organisera les massacres de la semaine sanglante et les massives répressions dont les déportations en Nouvelle-Calédonie formèrent l’épicentre. Elle développera la calomnie aussi dont on entend aujourd’hui encore quelques refrains. Les empreintes laissées par la Commune sont immenses. Dans les imaginaires révolutionnaires les références à la Commune sont très fréquentes. Ce fut en effet le premier exemple d’une volonté d’émancipation radicale. Un espoir mis en chantier » selon la belle formule de Jean Ferrat. Oui, nous sommes les enfants de la Commune, nous portons haut ses valeurs et ses symboles comme le drapeau rouge qui accompagne ce rassemblement. Nous avons dans Aubervilliers un certain nombre de de noms de lieux qui nous parlent de la Commune, citons dans l’ordre alphabétique Gustave Courbet, Jules Guesde, Louise Michel, Elisée Reclus, Edouard Vaillant, Jules Vallès, Eugène Varlin, Paul Verlaine. Et nous avons aussi cette rue de la Commune de Paris où nous tenons ce rassemblement et qui fut nommée ainsi pour le 100e anniversaire de la révolution parisienne. Et nous dirons, en contrepoint de ce qui fut alors fait, et qui se poursuit d’ailleurs à Paris aujourd’hui, que l’actuelle municipalité ne s’honore pas de son silence. Pour briser ce silence, faisons entendre, en conclusion de ce rassemblement, le cri d’espérance que portait la Commune VIVE LA COMMUNE !
Dansle cadre du 150e anniversaire des événements de la Commune de Paris, notre partenaire la C.N.E.P. la Chambre syndicale française des Négociants et Experts en Philatélie, édite un nouveau bloc le 28 mai 2021 rendant
La décision d'Anne Hidalgo de célébrer le 150e anniversaire de la Commune de Paris a suscité la polémique. AFP Article Abonné OUI/ "Un événement qui éclaire nos combats d'aujourd'hui" PAR LAURENCE PATRICE La Commune de Paris est un épisode essentiel, constitutif de l'histoire de la ville de Paris et de sa mémoire. A l'occasion de son 150e anniversaire, la maire de Paris a souhaité effectivement inviter les Parisiennes et les Parisiens d'aujourd'hui à mieux connaître, ou même à découvrir cette expérience unique, et c'est tout le sens de la riche programmation que, en qualité d'adjointe à la maire en charge de la Mémoire, j'ai impulsé, en lien avec les maires des arrondissements qui vécurent pleinement en 1871, ces soixante-douze jours exceptionnels. Rappelons-le, la Commune de Paris s'organise en réaction au siège terrible subi par les Parisiens. Certes, elle a été le creuset d'épisodes douloureux qu'il ne s'agit pas de nier. Il faut néanmoins rappeler que les violences s'exercèrent de toute part, et que les communards en furent, eux aussi, les victimes, puisque nombre d'entre eux moururent tandis que d'autres furent déportés. Elle n'en fut pas moins l'exemple d'un espoir extraordinaire qui rassembla le peuple de Paris pour reprendre son destin en main. Offre limitée. 2 mois pour 1€ sans engagement La Commune de Paris est passionnante, car elle expérimenta un projet politique ambitieux, celui d'une République démocratique et sociale avec, en son coeur, des ambitions d'une grande modernité qui font écho à certaines des aspirations d'aujourd'hui. Je pense bien sûr à la démocratie participative, à l'envie de la population de s'organiser pour influer sur son quotidien, élire des représentants légitimes, notamment des femmes, jusqu'alors privées de droit de vote - ce n'est pas un hasard si Louise Michel reste l'une des grandes figures de ce mouvement. Il s'agit d'une mobilisation réellement populaire, soucieuse de la notion de bien commun, de l'amélioration des conditions de travail de chacune et chacun, et qui aborda des sujets qui sont aujourd'hui précisément au centre de nos préoccupations l'égalité des salaires entre les hommes et les femmes, la réquisition de logements vacants pour les pauvres, la gratuité de la justice, la séparation de l'Eglise et de l'Etat, la reconnaissance de l'union libre, la citoyenneté accordée aux étrangers... Il est juste de célébrer un événement qui éclaire nos combats d'aujourd'hui. Laurence Patrice est adjointe communiste à la maire de Paris, chargée de la mémoire et du monde combattant. NON/ "Le côté sombre de la Commune ne peut être effacé" PAR DAVID ALPHAND La Commune de Paris représente l'une des pages les plus controversées de notre Histoire. Raison supplémentaire pour en avoir une lecture lucide et équilibrée. Loin de l'image biaisée promue par une gauche partisane aujourd'hui en perte de repères, cet événement tragique exige un droit, et même un devoir d'inventaire. Car il n'y a pas une Commune, mais au moins deux. La première porte des idées généreuses, le rêve d'une vie en société plus harmonieuse et cherche à traiter cette "question sociale" qui aura tant d'importance dans la pensée politique du XXe siècle. Malheureusement, cette vision idéalisée se heurte frontalement à la cruelle réalité des faits. Déjà , on chercherait en vain une unité idéologique chez les communards, qui se divisent sur des questions essentielles. La reconnaissance des droits des femmes, par exemple, constitue un sujet de dispute irréconciliable parmi eux. Surtout, ce mouvement insurrectionnel porte les stigmates des crimes, des exactions et des destructions commises en son nom. Comment oublier qu'il débute par l'exécution sommaire des généraux Clément-Thomas et Lecomte, à Montmartre ? Même si la maire de Paris, Anne Hidalgo, semble étrangement vouloir l'occulter dans ses célébrations, comment oublier l'incendie criminel qui ravage l'Hôtel de Ville de la capitale ? Et comment faire l'impasse sur les prises d'otages et le climat de terreur qui saisit les Parisiens en ces jours de printemps 1871 ? C'est le côté sombre de la Commune, qui ne peut pas être effacé. Le glorifier en 2021 n'aurait d'autre effet que d'affaiblir les fondements même de l'autorité de l'Etat. Pire, ce serait renoncer à notre conception d'une République à la fois forte, unie et tolérante. Alors jeune maire du XVIIIe arrondissement, Georges Clemenceau, pourtant homme de gauche, l'avait d'ailleurs compris, en se montrant tout de suite très critique face aux communards. Finalement, on peut certes rappeler la mémoire de la Commune de 1871, mais certainement pas la célébrer. David Alphand est conseiller LR de Paris. Les plus lus OpinionsChroniquePar Gérald BronnerLa chronique d'Aurélien SaussayPar Aurélien Saussay, chercheur à la London School of Economics, économiste de l'environnement spécialiste des questions de transition énergétiqueChroniqueAbnousse ShalmaniLa chronique de Christophe DonnerChristophe Donner
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